aller-au-puy-en-velay

Dans 12 jours exactement, dimanche 16 avril 2023, je mettrai mon sac sur mon dos pour commencer ce nouveau périple.

Je vous rappelle que sur ce blog, vous ne trouverez pas de photos, simplement le récit le plus vivant possible de mes journées solitaires.

J'ai découpé mes étapes en fonction du nombre de kilomètres et bien sûr en fonction des hébergements possibles.

Ce chemin étant assez difficile avec des passages en moyenne montagne, j'ai décidé de prendre une "variante" qui diminue le nombre de kilomètres. Et qui plus est, elle me permettra de traverser la ville d'Ambert qui me semble très jolie.

Calculs faits, j'arrive à un total de 570km. Si vous me suivez et lisez mes blogs depuis quelques temps déjà, je vous imagine en train de sourire. Vous avez sans doute raison ! Je fais toujours plus de kilomètres que ceux que j'ai compté sur le guide, ou sur la carte. Mais ne ditons pas que "quand on aime, on ne compte pas !"

Bref, je ferai le bilan à la fin du voyage.

Pour l'instant, je dois encore passer quelques coups de fil pour vérifier que les hébergements que j'ai repéré existent bien et seront ouverts lors de mon passage. Je dois aussi trouver le moyen de faire apposer sur ma crédenciale le tampon de la ville de Dammarie-les-lys prouvant mon point de départ.

La crédenciale est en quelque sorte le passeport du pèlerin. Elle donne accès aux hébergements dédiés aux pèlerins et ceux-ci doivent la faire tamponner à chaque étape. Elle permet aussi en arrivant à Saint Jacques de Compostelle de faire valider le nombre de kilomètres parcourus.

Sur le certificat qui m'a été remis à Compostelle en octobre 2022, s'affiche le nombre de 1828 km, parcourus à partir de Boissise le roi (2018 au profit des Blouses Roses), en passant par Limoges, jusqu'à Roncevaux, puis nouveau départ de Saint Jean de Luz jusqu'à Santiago par la côte atlantique.

Si je mène mon nouveau projet à terme, ce sera 570 km jusqu'au puy en Velay, puis 670 km jusqu'à Roncevaux, puis 750 km jusqu'à Compostelle, soit un total de 2025 km. Mais je n'en suis pas là ! Je dois d'abord terminer les préparatifs pour cette première partie.

Les préparatifs continuent. 

Je viens d'étaler tout le contenu de mon sac et bien sûr de peser chaque chose. 

C'est intéressant pour moi de comparer ce que j'emmène avec les anciennes listes publiées sur les blogs précédents. 

Je vois comment je me déleste ou bien comment je fais des choix. Par exemple, remplacer le brumisateur et la crème solaire par plus de fruits secs ! Remplacer les sandales par des tongs qui ne me serviront qu'à marcher entre mon lit et les sanitaires. Ou bien encore emporter des sur-lunettes de soleil en plastique plutôt que mes solaires de vue. 

A priori, le poids total avec les 4 repas lyophilisés + les soupes en poudre et l'eau, devrait se situer juste en dessous des 10 kg. 

Cette année, l'achat de 2 pantalons au rayon homme, donc possédant chacun 6 grandes poches, doit me permettre de partir sans sac ventral. C'est une première,  j'espère que ça ira. Je me fabrique un petit sac pour suspendre une gourde à la bretelle de mon sac à dos. Le but étant bien évidemment de pouvoir attraper cette gourde sans aide, tout en gardant mon sac sur mon dos. Il faudra que je teste mon installation dans la semaine.

En attendant, voici le contenu de mon sac avec les poids correspondants.

Je pars dans une semaine exactement. 

Hier soir nous avons dîné chez des amis. Catherine est déjà allée jusqu'à Compostelle avec son mari. Mais dans 2 semaines elle partira de chez elle seule pour la première fois. Je suis très heureuse pour elle, car je connais les bénéfices d'une telle aventure. 

Hier soir nous avons bien sûr échangé sur nos organisations, notre préparation. Et ce matin je me suis réveillée avec un stress, une peur...Catherine qui par 8 jours après moi, a déjà réservé ses hébergements...et moi...seulement 1...

Et si je ne trouvais pas où dormir...

Et puis je n'ai pas commandé les quelques repas lyophilisés que je pensais emporter, et si je n'avais rien à manger...

Il m'a fallu regarder ça, en moi : mes peurs. 

Les accueillir comme des compagnes de voyage. 

Puis, j'ai repris mon guide papier, regardé où j'ai prévu de dormir. Je me remémore mes anciens périples. Je retrouve la confiance. Après réflexion, je décide même de ne pas emporter de repas lyophilisés. J'ai quelques sachets de soupe en poudre, avec un morceau de pain, dans le pire des cas, je ne vais pas mourir !

Ces réflexions me rassurent tant que je décide d'alléger mon sac d'un savon. En effet, je vais tester un savon liquide à tout faire, mais au cas où...j'avais mis en plus dans ma trousse de toilette, celui que j'emmène d'habitude. Si je tombe en panne de savon, il sera toujours temps d'acheter un morceau de savon de Marseille dans la première épicerie ou pharmacie venue. 

J'échange avec Thierry, mon mari, qui me rappelle que le poids du sac est en partie le poids de nos peurs...lâcher, lâcher, s'installer dans la confiance en la vie. 

Finalement je téléphone aux hébergements prévus la première semaine. Seul un ne répond pas, mais nous sommes le dimanche de Pâques. Par contre deux autres me ravissent autant qu'ils me rassurent. Le premier car lorsque que je demande timidement un dîner végétarien, il me propose une cuisine indienne ! Le must ! Et le second où j'espère une couchette dans une caravane sur un camping, me propose de dormir dans un tipi pour 10€ ! Je suis comme une enfant prête à jouer aux indiens, enfin disons, à l'indienne. 

Ma confiance est revenue. Merci la vie !

Départ demain !

Je suis très impatiente de mettre mon gros sac sur mon dos, pourtant demain, je vais le laisser à la maison.

En effet Thierry viendra me chercher à la fin de l'étape, à Veneux-les-sablons et après-demain matin, lundi, il me ramènera devant la mairie de cette petite ville pour que je puisse y faire tamponner ma crédentiale.

J'ai déjà fait apposer le tampon de Dammarie-lès-lys.

Aujourd'hui, j'ai fait un mini entrainement de 9km. Un tiers d'une étape environ...

J'ai encore eu des surprises en continuant de réserver des hébergements : un gite a été fermé par la mairie, heureusement l'aubergiste qui gérait ce gite m'a orienté vers un deuxième hébergement, "chez Lulu". J'ai laissé un message sur un répondeur. Une femme m'a rappelée, elle ne pouvait pas m'héberger, mais avait déjà cherché pour moi. "Téléphonez à Philippe" m'a-t-elle dit. Sitôt dit, sitôt fait. Et voilà ! Philippe a de la place. Il n'accueille que des pèlerins en donativo (le tarif est évalué par le pèlerin en fonction de ses moyens et de la prestation).

La météo semble meilleure pour la semaine à venir que pour celle écoulée. Bref, tout est ok pour moi !

Ce soir et demain encore, j'utilise mon ordinateur pour rédiger cet article, mais  à partir de lundi soir j'écrirai directement sur mon téléphone. Merci à Myriam qui sera ma secrétaire pour cette aventure. Elle a accepté de relire ma prose chaque soir avant de la poster sur le blog et d'envoyer la notification à tous ceux qui y sont inscrits.

A demain !

8h10

5°
Je mets mon buff (sorte de tour de coup) sur ma tête, coup d’œil dans le miroir. J'éclate de rire en voyant ma tête. On dirait sœur Emmanuelle !
C'est avec cette image que je quitte la maison. Il fait très beau. Les oiseaux par leurs chants me rappellent que nous sommes bien au printemps.

Aujourd'hui, traversée de la forêt de Fontainebleau : c'est parti !
Je marche avec mon parapluie fétiche. Je précise pour celles et ceux qui me suivent pour la première fois, que je ne marche pas avec des bâtons  mais avec un parapluie. Au printemps dernier en Espagne, j'ai même été gentiment affublée par les pèlerins étrangers du surnom de "la française au parapluie".

Il me sert de protection contre la pluie, le soleil, de bâton de marche, pour écarter les herbes hautes, pour éloigner un chien...

A l'automne dernier, j'ai fait l'acquisition d'un magnifique parapluie aux couleurs de l'arc-en-ciel. Malheureusement après un test, j'ai pris conscience d'un problème insoluble. Ce beau parapluie est trop grand et offre une prise au vent ingérable en randonnée.
Aujourd'hui et pour les 23 jours prévus pour ce périple, c'est encore avec mon vieux parapluie que je chemine.

Sur le chemin de terre s'entremêlent traces de sangliers, de chevaux et de pneus de VTT.

Je connais bien cette première partie du trajet, de chez moi jusqu'à Fontainebleau. Je l'ai parcourue seule ou accompagnée.
J'ai une douce pensée pour mon amie Hélène qui nous a quitté à l'automne dernier. Plusieurs fois j'ai emprunté ce chemin pour transformer une journée d'entraînement en moment convivial avec Hélène. Je partais à pieds vers 9h du matin et nous nous retrouvions à Fontainebleau pour déjeuner. J'ai notamment le souvenir d'une fois où l'herbe du début du chemin était haute et toute mouillée. Avec Hélène nous nous étions donné rendez-vous dans un adorable et minuscule restaurant. J'y suis arrivée en sueur et mon pantalon crotté jusqu'au genoux. Nous avions bien ri. Hélène là où tu es, je t'envoie de douces pensées.

J'ai parlé du chant des oiseaux ce matin, je ne connais pas grand chose dans ce domaine. Mais je peux vous dire de manière certaine que le coucou y va bon train !

Je traverse la zone du rocher Canon, bien connue des grimpeurs. C'est un site d'entraînement à l'escalade réputé dans le monde entier. Personnellement, je contourne ces gros rochers, puis traverse la départementale.

Je marche depuis 2h, j'ai parcouru 10km. Tout va bien.

Mais 20mn plus tard, un très léger tiraillement en bas des cervicales me rappelle que même un sac à dos de 3kg doit se porter en appui sur les hanches.  Petits réglages de sangles et soupirs d'aise !

11h. J'entre dans Fontainebleau en longeant le mur du cimetière. Au moment de traverser la grande route, j'assiste au passage d'un groupe d'une dizaine de vieux scooters des années 60. Il y avait longtemps que je n'en avais pas vu. Il fait très beau. Cette bande de collectionneurs a bien raison d'en profiter.

Pour rejoindre Avon, je longe une bonne partie du grand canal du château. Il fait toujours un peu frais, mais le soleil brille haut dans le ciel. Voilà l'église St Pierre où je retrouve le balisage de Compostelle.

Je suis déjà allée jusqu'à Vézelay à pieds (il existe un blog). Cette première semaine devrait donc se passer sans encombre, puisqu'il s'agit du même itinéraire. La petite fantaisie étant que mes étapes ne sont pas toutes les mêmes que la première fois.

Il est presque midi...je cueille et grignote quelques feuilles d'alliaire. Je suis suivie par un joli papillon blanc alors que je longe la voie ferrée sur près de 3km. Chemin tout droit, bordé de pins, et sol en sable. On pourrait se croire dans les Landes.

12h30. J'ai parcouru 20km et j'ai vraiment faim. Recherche du coin idéal pour mon casse-croûte...
Aujourd'hui c'est le grand luxe puisque je l'ai préparé chez moi. Champignons crus en entrée, légumes de couscous et semoule d'épeautre. Plus une banane en dessert. Zut, j'ai oublié la bonne tranche de pain maison. Je complète avec des fruits secs.

Je profite aussi de cette pause pour lire vos messages. Merci beaucoup pour vos encouragements et pour les petites phrases philosophiques à méditer !

Je bois, je m'étire (surtout les cuisses) et c'est reparti pour les 4km restants.

Je rattrape le bord de Seine. Je suis à Veneux-les-sablons. J'ai donné rendez-vous à Thierry à la gare. J'aperçois Moret-sur-loing. C'est ici que le Loing finit sa course dans la Seine. Ma journée de randonneuse se termine. Il est à peine 14h. J'ai fait 1km de plus que mes calculs.

Ce sera souvent le cas, car je ne mesure pas bien la distance réelle jusqu'à mes hébergements.

Programme de l'après-midi et de la soirée : laver mes chaussettes et me reposer !!

Peut-être un petit SPA ?...