J 21 Ambert 33km
Sympathique soirée hier. Ce petit hôtel de village s'appelle "La vie en rose" ça ne s'invente pas. Est arrivé dans la soirée tout un groupe de marcheurs. Ils viennent de toute la France ainsi que de Belgique. Ils se retrouvent régulièrement pour une marche Audax (endurance) sur une durée imposée, un rythme imposé et une distance imposée. Demain, c'est 150 km en 30 heures à 6 km/h, si j'ai bien compris. C'est très organisé et codifié. Bref, une marcheuse est venue discuter avec moi, nous avons décidé de dîner à la même table.
C'est Marie-Jo. Elle aura 70 ans bientôt. Elle vient de Chartres. Quand je lui ai dit que j'avais déjà relié 2 fois Dammarie-les-Lys à Chartres, elle était toute contente que je connaisse sa ville. Bien sûr, je lui ai donné les coordonnées des blogs. J'ai même pris ses coordonnées, sait-on jamais ?
Le dîner était un peu copieux et surtout, ça s'est terminé à 21h30... Mais j'ai plutôt bien dormi et me voilà prête pour le petit déjeuner servi à 7h30.
Marie-Jo vient me rejoindre. Elle me donne encore des informations sur leur marche et les trophées qu'ils obtiennent sous forme d'aigle : aigle d'or, aigle d'argent, etc.
Il est temps de dire au revoir à cette charmante compagnie. Je quitte l'hôtel à 8h15 et il fait soleil ! Avec la fraîcheur du matin, les lilas embaument.
Il y a 15mn que je suis partie. Demi-tour. J'ai oublié mon parapluie près du comptoir dans le restaurant de l'hôtel. J'ai fait 1,5km... donc 3 de plus pour l'étape d'aujourd'hui...
J'ai retrouvé mon parapluie et repris la route. Le bruit des ruisseaux me console de mon étourderie.
Depuis hier, sur les talus, il y a beaucoup de pieds de bouillon blanc. Pour l'instant, on ne peut voir que les grosses feuilles duveteuses mais, dans quelque temps, une haute tige montera à partir du centre et de belles fleurs jaune pâle viendront s'y épanouir tout du long.
Au bout d'une heure de marche, sensation douloureuse sur le muscle trapèze de l'épaule gauche. Je vérifie les réglages de mon sac. En repartant après avoir récupéré mon parapluie et enlevé ma veste, je n'ai visiblement pas resserré correctement la bretelle gauche. Quasiment sûre que le problème est là, je resserre et vérifie tous les réglages de mon sac. Le mieux-être se fait immédiatement sentir.
Un skieur sur roulettes descend la route que je monte. J'ai eu un ami skieur de fond l'hiver qui s'entraînait aussi de cette façon hors saison. Je trouve ça un peu comique.
Je chemine sur de petites départementales aujourd'hui. De là où je suis, j'ai une vue imprenable sur la vallée et les monts de l'autre côté. Je vois les sommets couverts de nuages très gris. Peut-être même qu'il pleut là-bas ; alors que j'ai ouvert mon ombrelle pour éviter une deuxième cuisson à mon nez suffisamment grillé à mon goût. Comme je n'ai pas de crème solaire, je l'ai enduit de stick à lèvres. C'est mieux que rien.
Un peu avant 10h30, je franchis, par un pont, un gros ruisseau dans lequel je reconnais des passes à poissons, pour leur permettre de remonter le courant, je crois.
Trouver un coin discret pour un arrêt technique au bord de la départementale 66 est un challenge ! Je ne peux pas grimper les rochers à gauche, ni descendre ceux de droite. Et il y a de l'eau qui suinte et ruisselle partout.
Enfin une brèche à gauche. Un peu d'escalade et je peux soulager ma vessie pour tranquillement la remplir d'1/4 de litre d'eau de ma gourde.
Bien que je sois sur la départementale, je prends plaisir à avancer au milieu du bruit de l'eau qui jaillit des rochers, du son plus sourd de la rivière qui coule dans le fond du vallon et de tous les chants d'oiseaux qui emplissent la forêt.
Je suis toujours en moyenne montagne. Dès que je suis à l'ombre des sapins, il fait très frais, presque froid ; alors qu'au soleil, je transpire.
Je croise un cyclotouriste. Vélo chargé de 2 grosses sacoches, sac sur le porte-bagages et sur le suport sur la roue avant. Encore une fois, je reste admirative...
Je ne suis pas une spécialiste, mais je crois que ces grands arbres majestueux aux feuilles vert tendre bordant la route sont des charmes. En tout cas, éclairés par la lumière du matin, ils m'en mettent plein la vue.
Et voici l'antenne relais. Pas très esthétique mais c'est un repère pour moi : prendre la route de gauche.
C'est la deuxième fois qu'un papillon blanc et orange me prend pour une fleur. Il s'engouffre sous mon ombrelle et voyage avec moi sur quelques mètres.
Heureusement que je n'y suis pas allergique. Il y a des pollens partout dans les arbres, dans l'air, sur la terre et à chaque coup de vent, il en arrive un nuage.
Un petit coléoptère vient de se poser sur ma manche. Je tente la photo. Elle est floue. Tant pis.
12h. Un ami me téléphone. Dans l'échange, il me demande si je n'ai pas peur seule. Réponse habituelle et rationnelle. Non, les routes et les chemins sont sûrs.
Mais, après avoir raccroché, je creuse ce qui fonde ma sécurité. Je ne me sens pas seule. Je suis en lien tellement fort avec tout ce qui m'entoure. C'est cellulaire. Difficile à expliquer. C'est un peu comme lorsqu'on sent une bonne odeur. Un instant, elle fait partie de nous et nous faisons partie d'elle. Eh bien ce phénomène se produit à longueur de journée quand je marche seule. Ce n'est pas quelque chose de constant, 24 heures sur 24, mais c'est comme une succession de pointillés jalonnant mon chemin.
12h30, j'entre dans le village de Job. Au loin, le clocher de l'église semblable à un donjon bien austère.
Une belle bâtisse, sans doute du XIXeme, attire mon attention. Je m'approche, c'est privé mais vraiment joli. Puis je descends vers le lavoir. Il est alimenté par une source d'eau potable. De l'ombre mais pas de banc. Qu'à cela ne tienne, je pose mon sac, m'assois sur le rebord et sors mon casse-croûte. Aujourd'hui, suite et fin du riz aux lentilles d'avant-hier soir. Si je me pose là, c'est surtout parce qu'il y a un bar juste en face où j'espère bien boire un café tout à l'heure.
Peu après, je m'installe sur un tabouret haut pour la dégustation. Comme clients, il n'y a qu'un couple qui vit à Clermont-Ferrand en semaine. Ils sont d'ici et viennent chaque week-end. Je suggère de dire au maire de ma part qu'il manque un banc près du lavoir. La propriétaire du bar et les deux clients éclatent de rire. Le maire, c'est le monsieur qui sortait du bar quand j'y entrais. Mais, d'accord, ils le lui diront.
Après le départ du couple, j'échange quelques mots avec la propriétaire. Je lui donne environ 65 à 70 ans. Elle m'explique qu'elle n'ouvre plus que les vendredis, samedis et dimanches car la semaine, le village est vide. Quand elle doit allumer le chauffage, elle dépense plus qu'elle ne gagne.
Je passe acheter une tartelette aux fraises à la boulangerie (deuxième et dernier commerce du village). Même son de cloche de la jeune boulangère : les gens vont tous en voiture au supermarché et y font toutes leurs courses.
A peine mon succulent dessert avalé, je visite cette église très massive de l'extérieur. Il s'agit de Saint Loup qui finalement est plutôt spacieuse et élancée de l'intérieur.
Je reprends la route pour une dizaine de kilomètres où je sue à grosses gouttes, malgré l'ombrelle.
Quatre buses à l'envergure impressionnante tournoient au-dessus d'un champ fraîchement fauché. Leur plumage est de couleur fauve. J'ai droit à un véritable ballet aérien.
Quand je pense qu'hier j'avais froid ! Je m'arrête à l'ombre devant une maison dès que je le peux pour enlever le tee-shirt manches longues et attacher mes cheveux en chignon. Le monsieur de la maison suivante, en train de sortir de chez lui, m'interpelle sur ma destination et le poids de mon sac. Le parapluie en ombrelle le fait sourire ainsi que la carte, aujourd'hui pendue à mon cou.
La chaleur stimule les criquets qui stridulent tant qu'ils peuvent.
Encore une très belle construction "petit château" XIX ème je pense. Par contre, celle-ci est abandonnée et l'arrière menace même de s'écrouler. Je pense aux jeunes gens qui restaurent le "Petit manoir 1892", dont je suis les aventures sur Instagram.
Il fait vraiment très chaud. Une vache s'est mise au frais dans un tout petit bâtiment, la tête la première. Je ne vois que les fesses et la queue.
Bienvenue à Ambert m'annonce le panneau. Il est 15h20. Direction l'hôtel de la gare, logis de France. En général, ça veut dire "rustique ".
33 km au passage du panneau d'entrée de ville.
Centre ville historique, tout droit. Je ne suis pas déçue ! Très belle église du XVeme, Saint Jean d'Ambert, capitale du Livradois. Ne sachant pas si j'aurai le courage plus tard, je la visite tout de suite.
Ambert est une petite ville. 1,7km de plus, visite de l'église comprise, je suis dans ma chambre. Il est presque 16h.
Douche prise et vêtements lavés, repos. Je repère deux petites ampoules au pied gauche, à gérer tout à l'heure.
L'église sonne 18h. Aller faire quelques courses pour demain midi et trouver une pizzeria pour ce soir !!! Je suis en manque de pizza. Peut-être une pizza à la fourme d'Ambert, qui sait...
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